Page:Baker - Pourquoi faudrait-il punir, 2004.djvu/113

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En 1975, j’avais relevé cette étude faite par des chercheurs américains sur la possibilité d’améliorer encore ce système en le greffant directement sous la peau : « Un homme avec un lourd passé de cambrioleur est suivi par l’ordinateur jusqu’à un centre commercial. Là, les renseignements physiologiques révèlent un rythme respiratoire accéléré, une tension musculaire, une sécrétion accrue d’adrénaline. On peut supposer avec une quasi-certitude que l’homme va commettre un délit. L’ordinateur, dans ce cas, après avoir évalué les possibilités, prendrait une décision et alerterait la police ou le juge d’application des peines afin qu’ils puissent se rendre sur les lieux le plus vite possible. Au cas où le sujet serait "équipé” d’un émetteur-récepteur à longue distance, il pourrait transmettre un signal électrique qui bloquerait tout passage à l’acte en faisant en sorte que le sujet oublie ou abandonne son projet. »[1]

Bien dans l’air du temps, la dernière solution de rechange quant à l’emprisonnement se met en place sous la forme d’établissements pour peines aménagées (EPA). Ce sont des prisons sans barreaux, entre centres de détention et foyers de semi-liberté. Ils sont destinés aux condamnés à une courte peine qui normalement devraient la purger dans une maison d’arrêt (on sait à quel point elles sont dégoûtantes, surchargées et décourageantes). Les EPA peuvent aussi servir, en toute fin de parcours, pour les condamnés ayant pratiquement accompli leur peine. Les premiers s’ouvrent à Villejuif, Metz et Marseille. Les places sont chères et les détenus autorisés à en bénéficier triés sur le volet, ils doivent offrir toutes les garanties possibles de réinsertion. Bref ce sont des prisons allégées pour gens de bon aloi.

Un peu à part, car ne faisant pas encore officiellement partie des peines prévues par la loi française, les « peines honteuses » (shame sanctions, malencontreusement souvent traduites par « peines infamantes »[2]). Des collèges et lycées déjà affichent dans

  1. Cité par Jean-Claude Lauret et Raymond Lasierra, La torture propre, Grasset, 1975.
  2. Le terme existe bien en droit français, mais désigne une peine frappant le