forme misérablement anachronique au XXIe siècle. Telle est assez souvent l’attitude des avocats et de quelques magistrats. Les autres abolitionnistes prônent la fermeture des prisons s’accompagnant forcément d’une refonte totale de l’éducation. Il n’est pas dit que l’enfermement des enfants à l’école soit la meilleure éducation possible à la liberté. La délinquance est pratiquement toujours une réponse à l’échec scolaire. Il est assurément possible d’éviter cet échec, ce mépris de soi et donc des autres ; cela suppose bien sûr une remise en question fondamentale de l’école qui fait l’objet d’autres ouvrages.[1]
Concrètement que proposent les abolitionnistes ? De remplacer la justice rétributive (infliger du mal à qui a infligé du mal) par une justice que, selon les pays, on appelle reconstructive, transformative, conciliatrice ou positive. La victime devient alors le centre du processus ; d’une manière ou d’une autre, elle doit obtenir réparation. Mais l’offenseur est considéré comme infiniment digne d’intérêt, il doit être compris et pouvoir réclamer justice, lui aussi. Les abolitionnistes estiment qu’avant de livrer la guerre, on doit faire appel aux diplomates, leur donner le temps et les moyens d’obtenir un règlement du conflit qui satisfasse les deux parties. Tout repose donc sur l’idée de la médiation.
En France, la médiation pénale existe mais n’est mise à contribution que pour les petits délits, notamment pour les conflits de proximité[2]. Dans d’autres pays, notamment au Canada qui a été un pionnier courageux et inventif sur ce chemin difficile, ou encore en Australie où le programme national de Transformative Justice of
- ↑ J’ajoute que tout couple désirant devenir parents devrait avoir les moyens décents de travailler chacun à mi-temps, père et mère, pendant au moins les quinze premières années de la vie de chaque enfant. Les crèches c’est mieux que la poubelle, mais c’est un pis-aller. On accuse les parents d’abandonner leur gosse et on les oblige à le faire. Pour chacun des parents se poserait un problème de carrière : il n’est nullement indispensable d’avoir des enfants.
- ↑ Cf. Jacques Faget, La médiation. Essai de politique pénale, Érès, 1997.