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Les gendarmes les touristes les rentiers les artistes
Bandit ! Voyou ! Voleur ! Chenapan ! »

On offrit une prime de 20 francs à qui capturerait un fugitif.

« C’est la meute des honnêtes gens
Qui fait la chasse à l’enfant […] »

La loi du 9 septembre 2002 qui prévoit que les enfants seront passibles des tribunaux et des sanctions judiciaires dès l’âge de 10 ans stipule également qu’on peut incarcérer un gamin de 13 ans (contre 16 auparavant) qui ne respecte pas le contrôle judiciaire ou qui ne se soumet pas au règlement d’un centre fermé. On s’en serait douté.

Cet abaissement de l’âge auquel on vous juge assez grand pour aller en prison aura une conséquence immédiate : l’abaissement de l’âge de la délinquance. On sait, dans les milieux de la justice et de la police, que des parents envoient des enfants qui justement ne peuvent être gardés en prison faire les poches des imprudents. Ils enverront désormais des enfants plus jeunes, voilà tout.


L’insécurité (et pas seulement le sentiment d’insécurité), les aberrations dont sont capables des jeunes quand ils sont en bande et ont bu sont des problèmes réels. On ne finit pas en France de payer la politique d’exclusion des étrangers et de ceux que l’économie a abattus, ils ont été jetés dans des banlieues laides à faire peur où tout semble avoir été prévu pour les ghettoïser.

On ne prend pas la peine d’interroger les adolescents sur ce qui les révolte. Il n’est pas besoin d’être clerc pour savoir déjà qu’ils s’ennuient à mourir à l’école, strictement pour rien (le dernier argument des enseignants « ils sont mieux au lycée que livrés à la rue » ne tient pas compte de cette vérité première : aucun être humain ne peut supporter d’être en gardiennage) et qu’ils n’ont d’autre perspective que la misère des emplois précaires. Une solution nouvelle à la délinquance des jeunes a été de rendre les