Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/108

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N’en déplaise donc à tous les demi-philosophes, à tous les soi-disant penseurs religieux : L’existence de Dieu implique l’abdication de la raison et de la justice humaines, elle est la négation de l’humaine liberté et aboutit nécessairement à un esclavage non seulement théorique mais pratique.

À moins donc de vouloir l’esclavage, nous ne pouvons, ni ne devons faire la moindre concession à la théologie, car dans cet alphabet mystique et rigoureusement conséquent, qui commence par A devra fatalement arriver à Z, et qui veut adorer Dieu devra renoncer à sa liberté et à sa dignité d’homme :

Dieu est, donc l’homme est esclave.

L’homme est intelligent, juste, libre, — donc Dieu n’existe pas.

Nous défions qui que ce soit de sortir de ce cercle, et maintenant qu’on choisisse.

D’ailleurs l’histoire nous démontre que les prêtres de toutes les religions, moins ceux des églises persécutées, ont été les alliés de la tyrannie. Et ces derniers même, tout en combattant et en maudissant les pouvoirs qui les opprimaient, ne disciplinaient-ils pas en même temps leurs propres croyants, et par là même n’ont-ils pas toujours préparé les éléments d’une tyrannie nouvelle ? L’esclavage intellectuel de quelque nature qu’il soit, aura toujours pour conséquence naturelle l’esclavage politique et social. — Au-