Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/114

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rience. Rien de ce qui n’a été réellement analysé et confirmé par l’expérience ou par la plus sévère critique ne peut être par elle accepté. Par conséquent, Dieu, l’Infini, l’Absolu, tous ces objets tant aimés de la métaphysique, sont absolument éliminés de son sein. Elle s’en détourne avec indifférence, les regardant comme autant de mirages ou de fantômes. Mais comme les mirages et les fantômes font une partie essentielle du développement de l’esprit humain, puisque l’homme n’arrive ordinairement à la connaissance de la vérité simple qu’après avoir imaginé, épuisé toutes les illusions possibles, et comme le développement de l’esprit humain est un objet réel de la science, — la philosophie naturelle leur assigne leur vraie place, ne s’en occupant qu’au point de vue de l’histoire et s’efforce de nous montrer en même temps les causes tant physiologiques qu’historiques qui expliquent la naissance, le développement et la décadence des idées religieuses et métaphysiques aussi bien que leur nécessité relative et transitoire dans les évolutions de l’esprit humain. De cette manière, elle leur rend toute la justice à laquelle elles ont droit, puis s’en détourne pour toujours.

Son objet c’est le monde réel et connu. Aux yeux du philosophe rationnel il n’est qu’un être au monde et une science. Par conséquent il tient à embrasser et à coordonner toutes les sciences particulières en un