Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/165

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que l’univers, c’est-à-dire la totalité de tous les mondes existants puisse avoir une limite ou une fin, — puis faisant abstraction, toujours par notre pensée, de l’existence particulière de chacun de ces mondes existants, si vous tâchez de vous représenter l’unité de cet univers infini — que vous restera-t-il pour la déterminer et la remplir ? Un seul mot, une seule abstraction : l’Être indéterminé, c’est-à-dire l’immobilité, le vide, le néant absolu — Dieu.

Dieu — c’est donc l’abstractum absolu, c’est le propre produit de la pensée humaine qui, comme puissance abstractive, ayant dépassé tous les êtres connus, tous les mondes existants et s’étant délivrée par là même de tout contenu réel, arrivée à n’être plus rien que le monde absolu, se pose devant elle-même, sans se reconnaître pourtant dans cette sublime nudité — comme l’Être unique et suprême.

On pourra nous objecter, qu’après avoir nous-mêmes affirmé, dans nos pages précédentes, l’unité réelle de l’univers, et après l’avoir définie comme la solidarité ou la causalité universelle et comme l’unique toute-puissance régissant toute choses et sentie plus ou moins par tous les êtres vivants, nous avons maintenant l’air de vouloir la nier. Mais nous ne la nions pas du tout, nous prétendons seulement qu’entre cette réelle unité universelle et l’unité idéale cherchée et créée par voie d’abstraction, par la métaphysique tant