Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/179

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par le ciel, doivent être toujours et quand même aveuglement obéis.

C’est très commode pour les gouvernants, très incommode pour les gouvernés ; et comme nous sommes de ce nombre, nous avons tout intérêt à examiner de plus près la validité de cette antique assertion, qui a fait de nous tous des esclaves, afin de trouver le moyen de nous délivrer de son joug.

La question est pour nous maintenant excessivement simplifiée : Dieu n’étant pas, ou n’étant rien qu’une création de notre faculté abstractive, unie en premier mariage avec le sentiment religieux que nous tenons de notre animalité, — Dieu n’étant qu’un abstractum universel, incapable de mouvement et d’action propre : le Néant absolu imaginé comme être suprême et mis en mouvement par la seule fantaisie religieuse ; absolument vide de tout contenu et s’enrichissant de toutes les réalités de la terre ; ne rendant à l’homme, sous une forme dénaturée, corrompue, divine, que ce qu’il lui a d’abord dérobé, — Dieu ne peut être ni bon, ni méchant, ni juste, ni injuste. Il ne peut rien vouloir, ni rien établir, car en réalité il n’est rien, et ne devient le tout que par la crédulité religieuse. Par conséquent, si cette dernière a trouvé en lui les idées de la justice et du bien, c’est elle-même qui a dû les lui prêter à son insu ; croyant recevoir, elle donnait. Mais pour les prêter à Dieu, l’homme a