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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/183

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mouvement spontané, que les individus des espèces inférieures. Il commence à avoir le sentiment de sa liberté. Donc nous pouvons dire que la nature elle-même, par ses transformations progressives, tend à l’émancipation, et que déjà en son sein, une plus grande liberté individuelle est un signe indubitable de supériorité. L’être, comparativement, le plus individuel et le plus libre, sous le point de vue animal, c’est sans contredit l’homme.

Nous avons dit que l’homme n’est pas seulement l’être le plus individuel de la terre, — il en est encore le plus social. Ce fut une grande erreur de la part de J.‑J. Rousseau d’avoir pensé que la société primitive ait été établie par un contrat libre, formé par des sauvages. Mais J.‑J. Rousseau n’est pas le seul qui l’affirme. La majorité des juristes et des publicistes modernes soit de l’école de Kant, soit de toute autre école individualiste et libérale, et qui, n’admettent ni la société fondée sur le droit divin des théologiens, ni la société déterminée par l’école hégélienne, comme la réalisation plus ou moins mystique de la Morale objective, ni la société primitivement animale des naturalistes, prennent nolens volens, et faute d’autre fondement, le contrat tacite pour point de départ. Un contrat tacite ! C’est-à-dire un contrat sans paroles et par conséquent sans pensée et sans volonté — un révoltant non sens ! Une absurde fiction, et, ce qui