l’asservissement, ce qui nous amènerait tout droit aux sociétés réelles, historiques, dans lesquelles toutes les choses s’expliquent beaucoup plus naturellement, il est vrai, que dans les théories de nos publicistes libéraux, mais dont aussi l’examen et l’étude, bien loin de servir, comme ces Messieurs le désirent à la glorification de l’État, nous entraînent, comme nous le verrons plus tard, à en désirer au contraire, au plus vite, la destruction radicale et complète.
Il reste un troisième moyen, dont un grand législateur d’un peuple sauvage aura pu se servir pour imposer son code à la masse de ses concitoyens : c’est l’autorité divine. Et en effet, nous voyons que les plus grands législateurs connus, depuis Moïse jusqu’à Mahomet inclusivement, ont eu recours à ce moyen. Il est très efficace dans les nations où les croyances et le sentiment religieux exercent encore une grande influence, et naturellement très puissant au milieu d’un peuple sauvage. Seulement, la société qu’il aura servi à fonder n’aura plus pour fondement le libre contrat : constituée par l’intervention directe de la volonté divine, elle sera nécessairement un État théocratique, monarchique ou aristocratique, mais dans aucun sens démocratique ; et comme on ne peut pas marchander avec les bons Dieux, comme ils sont aussi puissants que despotes, et comme on est forcé d’accepter aveuglément tout ce qu’ils vous imposent et de subir leur