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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/268

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société humaine naturelle, qui confirme et augmente la vie de chacun par la vie de tous ; — c’est, au contraire, l’immolation de chaque individu comme de toutes les associations locales, l’abstraction destructive de la société vivante, la limitation, ou pour mieux dire la complète négation de la vie et du droit de toutes les parties qui composent tout le monde, pour le soi-disant bien de tout le monde : c’est l’État, c’est l’autel de la religion politique sur lequel la société naturelle est toujours immolée : une universalité dévorante, vivant de sacrifices humains, comme l’Église. — L’État, je le répète encore, est le frère cadet de l’Église.

Pour prouver cette identité de l’Église et de l’État, je prie bien le lecteur de vouloir constater ce fait, que l’une comme l’autre sont fondés essentiellement sur l’idée du sacrifice de la vie et du droit naturel, et qu’ils partent également du même principe ; celui de la méchanceté naturelle des hommes, qui ne peut être vaincue, selon l’Église, que par la grâce divine et par la mort de l’homme naturel en Dieu, et selon l’État, que par la loi, et par l’immolation de l’individu sur l’autel de l’État. L’une et l’autre tendent à transformer l’homme, l’un en un saint, l’autre en un citoyen. Mais l’homme naturel doit mourir, car sa condamnation est unanimement prononcée par la religion de l’Église et par celle de l’État.