Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/285

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proférer ce mot terrible d’étranger pour qu’oubliant tout, et sens commun et humanité et justice, ils se mettent tous de son côté.

Je ne suis point Genevois, mais j’ai trop de respect pour les habitants de Genève, pour ne pas croire que le Journal se trompe. Ils ne voudront sans doute pas sacrifier l’humanité à la bestialité exploitée par l’astuce.




LE PATRIOTISME (suite[1])


J’ai dit que le patriotisme en tant qu’instinctif ou naturel, ayant toutes ses racines dans la vie animale, ne présente rien en plus qu’une combinaison particulière d’habitudes collectives : matérielles, intellectuelles et morales, économiques, politiques, religieuses et sociales, développées par la tradition ou par l’histoire, dans une société humaine restreinte. Ces habitudes, ai-je ajouté, peuvent être bonnes ou mauvaises, le contenu ou l’objet de ce sentiment instinctif n’ayant aucune influence sur le degré de son intensité ; et même si l’on devait admettre sous ce dernier rapport une différence quelconque, elle pencherait plutôt

  1. Le Progrès, 14 (10 juillet 1869), pp. 2-3.