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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/292

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s’acclimater et à trouver de nouveaux moyens de vivre dans un nouveau pays.

Puis vient la guerre, la guerre entre les espèces qui se nourrissent des mêmes aliments, la guerre entre celles qui pour vivre ont besoin de se dévorer l’une l’autre. Considéré à ce point de vue, le monde naturel n’est rien qu’une hécatombe sanglante, une tragédie effrayante et lugubre écrite par la faim.

Ceux qui admettent l’existence d’un Dieu créateur ne se doutent pas du beau compliment qu’ils lui font en le représentant comme le créateur de ce monde. Comment ! un Dieu toute puissance, toute intelligence, toute bonté, n’aurait pu aboutir qu’à créer un monde pareil, une horreur.

Il est vrai que les théologiens ont un excellent argument par expliquer cette contradiction révoltante. Le monde avait été créé parfait, disent-ils, il y régna d’abord une harmonie absolue, jusqu’à ce que, l’homme ayant péché, Dieu, furieux contre lui, maudit l’homme et le monde.

Cette explication est d’autant plus édifiante qu’elle est pleine d’absurdités, et l’on sait que c’est dans l’absurde que consiste toute la force des théologiens. Pour eux, plus une chose est absurde, impossible, plus elle est vraie. Toute religion n’est que la déification de l’absurde.

Ainsi, Dieu parfait a créé un monde parfait, et