Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/359

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porte, ne lui donne que ce qui est absolument nécessaire pour avoir non le droit, mais le pouvoir de s’assurer de cette utilité par lui-même. Chacun la considère en un mot comme un exploiteur. Mais quand tous sont également exploiteurs, il faut nécessairement qu’il y en ait d’heureux et de malheureux, parce que toute exploitation suppose des exploités. Il y a donc des exploiteurs, qui le sont en même temps en puissance et en réalité ; et d’autres, le grand nombre, le peuple, qui ne le sont seulement qu’en puissance, de vouloir, mais non en réalité. Réellement ils sont les éternels exploités. En économie sociale, voilà donc à quoi aboutit la morale métaphysique ou bourgeoise ; à une guerre sans merci et sans trêve entre tous les individus, à une guerre acharnée où le plus grand nombre périt pour assurer le triomphe et la prospérité du petit nombre.

La seconde raison qui peut induire un individu arrivé à la pleine possession de soi-même de conserver des rapports avec d’autres hommes, c’est le désir de plaire à Dieu et le devoir de remplir son second commandement ; le premier étant d’aimer Dieu plus que soi-même, et le second d’aimer les hommes, ses prochains, autant que soi-même et de leur faire, pour l’amour de Dieu, tout le bien qu’il désire qu’on lui fasse.

Remarquez ces mots : « pour l’amour de Dieu » ;