Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/56

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— se faisant l’héritière de la monarchie qu’elle tuait, avait ressuscité en même temps cette négation de toute liberté : la centralisation et l’omnipotence de l’État.

Reconstruite de nouveau par la Constituante, combattue, il est vrai, mais avec peu de succès par les Girondins, cette centralisation fut achevée par la Convention Nationale. Robespierre et Saint-Just en furent les vrais restaurateurs : rien ne manqua à la nouvelle machine gouvernementale, pas même l’Être suprême avec le culte de l’État. Elle n’attendait plus qu’un habile machiniste pour montrer au monde étonné toutes les puissances d’oppression dont elle avait été munie par ses imprudents constructeurs… et Napoléon Ier se trouva. Donc cette Révolution, qui n’avait été d’abord inspirée que par l’amour de la liberté et de l’humanité, par cela seul qu’elle avait cru pouvoir les concilier avec la centralisation de l’État, se suicidait elle-même, les tuait, n’enfantant rien à leur place que la dictature militaire, le Césarisme.

N’est-il pas évident, messieurs, que pour sauver la liberté et la paix en Europe, nous devons opposer à cette monstrueuse et oppressive centralisation des États militaires, bureaucratiques, despotiques, monarchiques constitutionnels ou même républicains, le grand, le salutaire principe du Fédéralisme, — principe dont les derniers événements dans les États-Unis de l’Amérique du Nord nous ont donné d’ailleurs une démonstration triomphante.