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Page:Bakounine - Œuvres t1.djvu/88

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socialiste républicain et le républicain politique il y a un abîme : l’un, comme une création semi-religieuse, appartient au passé ; à l’autre, positiviste ou athée, appartient l’avenir.

Cet antagonisme se fît pleinement jour en 1848. Dès les premières heures de la révolution, ils ne s’entendirent plus du tout : leurs idéals, tous leurs instincts les entraînaient dans des sens diamétralement opposés. Tout le temps qui s’écoula depuis février jusqu’en juin, se passa dans des tiraillements qui, implantant la guerre civile dans le camp des révolutionnaires, paralysant leurs forces, durent naturellement donner gain de cause à la coalition, d’ailleurs devenue formidable, de toutes les nuances de la réaction, réunies et confondues désormais en un seul parti par la peur. En juin, les républicains se coalisèrent à leur tour avec la réaction pour écraser les socialistes. Ils crurent avoir remporté la victoire et ils avaient poussé dans l’abîme leur république bien-aimée. Le général Cavaignac, le représentant de l’honneur du drapeau contre la révolution, fut le précurseur de Napoléon III. Tout le monde le comprit alors, sinon en France, du moins partout ailleurs, car cette funeste victoire des républicains contre les ouvriers de Paris, fut célébrée comme un grand triomphe par toutes les cours de l’Europe et les officiers des gardes prussiennes, leurs généraux en tête, s’empressèrent d’envoyer une adresse