Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/119

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contrôle lui-même est possible, puisqu’elles se font sous les yeux des électeurs, et touchent aux intérêts les plus intimes de leur existence quotidienne. C’est pourquoi les élections communales sont toujours et partout les meilleures, les plus réellement conformes aux sentiments, aux intérêts, à la volonté populaires.

Les élections pour les Grands-Conseils, ainsi que pour les Petits-Conseils, là où ces dernières se font directement par le peuple[1], sont déjà beaucoup moins parfaites. Les questions politiques, judiciaires et administratives dont la solution et la bonne direction constituent la tâche principale de ces Conseils, sont pour la plupart du temps inconnues au peuple, dépassent les bornes de sa pratique journalière, échappent presque toujours à son contrôle ; et il doit en charger des hommes qui, vivant dans une sphère presque absolument séparée de la sienne, lui sont à peu près inconnus ; s’il les connaît, ce n’est que par leurs |30 discours, non dans leur vie privée. Mais les discours sont trompeurs, surtout lorsqu’ils ont pour but de capter la bienveillance populaire, et

  1. En 1870, le Conseil d’État (pouvoir exécutif cantonal) était élu directement par le peuple dans les cantons de Genève et de Bâle-Campagne ; dans les autres cantons, — à l’exception du petit nombre de ceux qui pratiquent la démocratie directe, non représentative, et où le peuple lui-même se réunit en assemblée cantonale ou Landsgemeinde, — il était nommé par le Grand-Conseil. Aujourd’hui, l’élection du Conseil d’État par le peuple est la règle dans la grande majorité des cantons : et le résultat, c’est que le pouvoir exécutif en a acquis plus de force, et que les communes et les citoyens sont encore plus exposés qu’avant à l’arbitraire gouvernemental. — J. G.