Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/125

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

fait, a-t-il au moins raffermi et augmenté l’indépendance de la République helvétique vis-à-vis des puissances étrangères ?

Non, il l’a considérablement amoindrie. Tant que les cantons ont été autonomes, le pouvoir fédéral, voulût-il |34 même gagner, par une complaisance indigne, les bonnes grâces d’une puissance étrangère, il n’avait aucun droit, ni même aucune possibilité de le faire. Il ne pouvait ni conclure des traités d’extradition, ni ordonner aux polices cantonales de courir sus à des réfugiés politiques, ni forcer les cantons de les livrer aux despotes. Il n’aurait pas osé exiger du canton du Tessin l’expulsion de Mazzini, ni du canton de Fribourg l’extradition de Mme Limousin. N’exerçant qu’un pouvoir excessivement limité sur les gouvernements cantonaux, le gouvernement fédéral, d’un autre côté, n’avait pas à répondre de leurs actes devant les puissances étrangères, et, lorsque ces dernières réclamaient de lui quelque chose, il s’abritait ordinairement derrière son impuissance constitutionnelle. Les cantons étaient autonomes, et il n’avait pas le droit de leur commander. Il fallait que les représentants des puissances traitassent directement avec les gouvernements cantonaux, et, lorsqu’il s’agissait d’un réfugié politique, il suffisait qu’il se transportât dans un canton voisin, pour que le ministre étranger dût recommencer ses démarches. Cela ne finissait jamais : la diplomatie abandonnait le plus souvent ses poursuites de guerre lasse. Le droit d’asile, ce droit tra-