Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/184

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nients du soulèvement des paysans. Ne pensez-vous pas que, malgré les quelques excès qui pourront se produire çà et là, les paysans, cessant d’être contenus par l’autorité de l’État, s’entre-dévorent ? S’ils essaient de le faire dans le commencement, ils ne tarderont pas à se convaincre de l’impossibilité matérielle de persister dans cette voie, et alors ils tâcheront de s’entendre, de transiger et de s’organiser entre eux. Le besoin de se nourrir eux et leurs enfants, et par conséquent la nécessité de continuer les travaux de la campagne, la nécessité de garantir leurs maisons, leurs familles et leur propre vie contre des attaques imprévues, tout cela les forcera indubitablement à entrer bientôt dans la voie des arrangements mutuels.

Et ne croyez pas non plus que dans ces arrangements amenés en dehors de toute tutelle officielle, par la seule force des choses, les plus forts, les plus riches exercent une influence prédominante. La richesse des riches ne sera plus garantie par des institutions juridiques, elle cessera donc d’être une puissance. Les paysans riches ne sont puissants aujourd’hui que parce qu’ils sont protégés et courtisés par les fonctionnaires de l’État et l’État lui-même. Cet appui venant à leur manquer, leur puissance disparaîtra du même coup. Quant aux plus madrés, aux plus forts, ils seront annulés