Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/206

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d’avoir dit : « C’est impossible », pour empêcher la chose de se faire.

Il faut absolument vous réveiller de ce rêve, Français, si quelques-uns de vous se laissent encore bercer par ces funestes illusions. Non, je vous le déclare : Cet affreux malheur, dont vous ne voulez pas même admettre la pensée, n’est pas impossible ; il est au contraire si certain, que si vous ne vous levez pas aujourd’hui en masse, pour exterminer les soldats allemands qui ont envahi le sol de la France, demain ce sera la réalité. Plusieurs siècles de prédominance nationale vous ont tellement habitués à vous considérer comme le premier et le plus puissant peuple du monde, que vous ne vous êtes pas encore aperçus de la gravité de votre situation présente. Cette situation, la voici :

La France comme État est perdue. Elle ne peut plus se sauver par les moyens réguliers et administratifs. C’est à la France naturelle, à la France du peuple à entrer maintenant sur la scène de l’histoire, à sauver sa liberté et celle de l’Europe entière, par un soulèvement immense, spontané, tout populaire, en dehors de toute organisation officielle, de toute centralisation gouvernementale. Et la France, en balayant de son territoire les armées du roi de Prusse, aura du même coup affranchi tous les peuples d’Europe et accompli l’émancipation sociale du prolétariat.