Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/211

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populaire pour faire entrer, sous différentes dénominations, beaucoup de recrues volontaires dans l’armée ; sous le prétexte du rétablissement de la garde nationale, armer les bourgeois, à l’exclusion des prolétaires, et surtout les anciens militaires, afin d’avoir une force suffisante à opposer aux révoltes du prolétariat, enhardi par l’éloignement des troupes ; incorporer dans l’armée les gardes mobiles suffisamment disciplinées, et dissoudre ou laisser désarmées celles qui ne le sont pas et qui font montre de sentiments trop rouges. Ne permettre la formation des corps francs qu’à condition qu’ils [ne] soient organisés et conduits que par des chefs appartenant aux classes privilégiées : Jockey Club, propriétaires nobles ou bourgeois, en un mot gens comme il faut.

À défaut de puissance coercitive pour contenir les populations, faire servir l’excitation patriotique de ces populations, provoquée autant par les événements que par leurs aveux et leurs mesures obligées, au maintien de l’ordre public, en propageant parmi elles cette conviction fausse, désastreuse, que pour sauver la France de l’abîme, de l’anéantissement et de l’esclavage dont la menacent les Prussiens, les populations doivent, tout en demeurant suffisamment exaltées pour se sentir capables des sacrifices extraordinaires qui seront réclamés par le salut de l’État, rester tranquilles, inactives, s’en remettant d’une manière toute passive à la providence de l’État et du gouvernement provisoire qui en a pris aujourd’hui la direction en ses mains, et considérant comme des ennemis de la France, comme des agents de la Prusse, tous ceux qui essaieraient de troubler cette confiance, cette quiétude populaire, tous ceux qui voudraient provoquer la nation à des actes spontanés de salut public,