Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/215

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lui inspire le socialisme révolutionnaire et par son patriotisme, s’annule complètement et marche sans volonté à la remorque de ce gouvernement, qu’elle renforce et sanctionne par sa présence, par son silence, et quelquefois aussi par ses compliments et par les expressions hypocrites de sa sympathie.

Ce pacte forcé entre les bonapartistes, les orléanistes, les républicains bourgeois, les Jacobins rouges et les socialistes autoritaires, est naturellement à l’avantage des deux premiers partis, et au détriment des trois derniers. S’il y eut jamais des républicains travaillant au profit de la réaction monarchique, ce sont certainement les jacobins français conduits par Gambetta. Les réactionnaires aux abois, ne sentant plus de terrain sous leurs pieds, et voyant brisés en leurs mains tous les bons vieux moyens, tous les instruments nécessaires de la tyrannie de l’État, sont devenus à cette heure excessivement humains et polis — Palikao et Jérôme David lui-même, si insolents hier, sont aujourd’hui d’une affabilité extrême. Ils comblent les radicaux, et Gambetta surtout, de leurs flagorneries et de toutes sortes de témoignages de respect. Mais en retour de ces politesses, ils ont le pouvoir. Et la gauche radicale en est exclue tout à fait.

n) Au fond, tous ces hommes qui composent aujourd’hui le pouvoir : Palikao, Chevreau et Jérôme David d’un côté, Trochu et Thiers de l’autre, enfin Gambetta, cet intermédiaire à demi-officiel entre le gouvernement et la gauche radicale, se détestent du fond de leur cœur, et, se considérant comme des ennemis mortels, se défient profondément les uns des autres. Mais tout en intriguant les uns contre les autres, ils sont forcés de marcher ensemble, ou plutôt ils sont forcés d’avoir l’air |7 de marcher ensemble. Toute la puissance de ce gou-