Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/22

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la liberté beaucoup mieux que lui. Proudhon, lorsqu’il ne faisait pas de la doctrine et de la métaphysique, avait le vrai instinct du révolutionnaire : il adorait Satan et il proclamait l’an-archie. Il est fort possible que Marx puisse s’élever théoriquement à un système encore plus rationnel de la liberté que Proudhon, mais l’instinct de la liberté lui manque : il est, de la tête aux pieds, un autoritaire. »

En 1847, Bakounine vit arriver à Paris Herzen et Ogaref, qui avaient quitté la Russie pour vivre en Occident ; il y revit aussi Bélinsky, alors dans toute la maturité de son talent, et qui devait mourir l’année suivante.

À la suite d’un discours qu’il avait prononcé le 29 novembre 1847 au banquet donné en commémoration de l’insurrection polonaise de 1830, Bakounine fut expulsé de France à la requête de l’ambassade russe. Pour chercher à lui enlever les sympathies qui s’étaient aussitôt manifestées, le représentant de la Russie à Paris, Kisseleff, fit courir le bruit que Bakounine avait été au service de l’ambassade, qui l’avait employé, mais qui maintenant se voyait obligée de se débarrasser de lui parce qu’il était allé trop loin (lettre de Bakounine à Fanelli, 29 mai 1867). Le comte Duchâtel, ministre de l’intérieur, interpellé à la Chambre des pairs, se retrancha derrière des réticences calculées pour donner créance à la calomnie imaginée par