Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/231

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le général Moltke et le prince Frédéric-Charles, semblent compter parmi les premiers de l’Europe. D’ailleurs ils suivent un plan dès longtemps médité, combiné, et qu’ils n’ont pas eu besoin de changer jusqu’ici, — tandis que l’armée française, ayant été conduite d’abord sans plan, sans idée, réduite à l’extrême (sic), doit s’en créer un, inspiré par le désespoir, ce qui demanderait au moins du génie, et ni Bazaine, ni Mac-Mahon, tout excellents généraux qu’ils peuvent être, ne sont des hommes de génie. Je ne sais pas si Moltke est un homme de génie ; mais il est évident en tout cas qu’à défaut de génie, les Prussiens ont pour [eux] l’étude et la préparation et l’exécution intelligentes d’un plan établi qu’ils suivent systématiquement, joignant une grande audace à une grande prudence. Toutes les chances sont donc pour les Prussiens.

On dit que l’armée qui s’est reformée ou qui s’est formée de nouveau à Châlons est forte de cent cinquante mille hommes. Je ne crois pas qu’elle [en] compte plus de cent mille. Mais supposons-la forte de cent cinquante mille : l’armée du prince héritier qui s’avance sur Paris et qui a déjà pénétré à Châlons est forte de deux cent mille hommes. Dans tous les cas, elle est supérieure en nombre à l’armée de Mac-Mahon, elle est supérieure aussi par son organisation, par sa discipline, et surtout par son administration. L’armée de Mac-Mahon doit avoir tous les | 19 désavantages d’une armée fraîchement organisée. Elle vient d’abandonner Châlons pour marcher par Reims, Mézières et Montmédy au secours de Bazaine, — preuve que Bazaine se trouve dans une position très critique et qu’il est désormais incapable de se dégager lui-même.

Par ce mouvement stratégique, comme on le dit glo-