celle de la France entière ne les conserve-t-elle pas, seulement parce qu’elle craint, parce qu’elle sait que leur renversement serait le signal de la révolution popu-
« LE PRÉSIDENT. — M. Gambetta entend les protestations que ses paroles soulèvent…
« GIRAULT (le paysan). — Oui, nous voulons protester, notre silence n’a que trop duré.
« ROUXIN. — Ce n’est plus de la discussion, c’est de l’injure…
« VENDRE. — Et l’injure la plus grave qu’on puisse faire à la Chambre…
« UNE VOIX. — C’est la guerre civile !
« LE PRÉSIDENT. — Il ne peut être permis de troubler le pays par des paroles pareilles…
« GAMBETTA. — La guerre civile, dit-on. Je n’ai jamais hésité à flétrir, à condamner les moyens qui ne sont pas reconnus par la loi ! » ( Le voilà l’avocat et le bourgeois moderne tout à la fois.) « Le patriotisme ne consiste pas à endormir les populations » (Et pourtant pendant plus de quinze jours il a donné la main à ceux qui les ont endormies), « à les nourrir d’illusions, il consiste à les préparer à recevoir l’ennemi, à le repousser, ou à s’ensevelir sous les décombres. Nous avons fait assez de concessions. » (Beaucoup trop !), « assez longtemps nous nous sommes tus » (Trop longtemps, et aujourd’hui le temps des Gambetta est passé sans retour), « Le silence a jeté un voile sur |5 les événements qui se précipitent… Je suis convaincu que le pays roule, sans le voir, vers l’abîme ! (L’ordre du jour ! l’ordre du jour !)
« LE PRÉSIDENT. — Je demande à M. Gambetta de ne point soulever de discussions sans motifs et sans conclusion possible.
« GAMBETTA. — Il ne peut y avoir de discussion plus utile que celle qui consisterait à se rendre virilement compte de la situation.
« CHAMPAGNY. — Et à la faire connaître à l’ennemi.
« GAMBETTA. — Il y a longtemps que nos ennemis la connaissent, c’est nous qui ne la connaissons pas.
« ARAGO. — On demande des armes, vous envoyez dans les départements des conseillers d’État !
« GAMBETTA. — Quant à moi, messieurs, j’ai le sentiment de ma responsabilité. Ma conscience me dit que la population de Paris a besoin d’être éclairée, et ce que je veux, c’est l’éclairer. (L’ordre du jour ! l’ordre du jour ! ) »
Il est évident que Gambetta a pris maintenant la résolution