Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/265

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National : les Marrast, les Garnier-Pagès, les Arago, les Bastide, sans oublier M. Jules Favre, l’un des plus fougueux parmi les républicains réactionnaires de ce temps.

Faut-il s’étonner que de tels commissaires, envoyés par de si grands hommes et munis de telles instructions ne firent rien |20 dans les départements, sinon d’exciter le mécontentement de tout le monde par le ton [de] dictature et par les manières de proconsuls qu’il leur plut de se donner. On se moqua d’eux, et ils n’exercèrent aucune influence. Au lieu de se tourner vers le peuple, et seulement vers le peuple, comme leurs modèles de 1793, ils s’occupèrent exclusivement de la moralisation des hommes appartenant aux classes privilégiées. Au lieu d’organiser partout par le déchaînement des passions révolutionnaires, l’anarchie et la puissance populaire, ils prêchèrent au prolétariat, suivant d’ailleurs en ceci strictement les instructions qu’ils avaient reçues et les recommandations qu’on leur envoyait de Paris, la modération, la tranquillité, la patience et une confiance aveugle dans les desseins généreux du gouvernement provisoire. — Les cercles réactionnaires des provinces, intimidés d’abord beaucoup et par cette révolution qui leur était tombée si inopinément sur la tête et par l’arrivée de ces mandataires de Paris — voyant que ces Messieurs s’amusaient à ne faire que des phrases et à se pavaner dans leur bouffonne vanité, voyant d’un autre côté qu’ils négligeaient totalement d’organiser la puissance du prolétariat contre eux et de fomenter contre eux la fureur des masses, seule capable de les contenir et de les anéantir, reprirent courage et finirent par envoyer l’Assemblée constituante réactionnaire que vous savez. Vous en savez les tristes conséquences.

Après Juin ce fut autre chose ; les bourgeois sincère-