Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/290

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

des fonctionnaires de l’empereur : maire, juge de paix, curé, gendarme, garde-champêtre, — qu’il ne sera pas impossible de septembriser, |39 je le pense, en soulevant contre eux les paysans eux-mêmes. Il faut leur dire qu’il s’agit surtout de chasser les Prussiens de la France, chose qu’ils comprendront parfaitement, parce qu’ils sont patriotes, je le répète encore ; et que pour cela il faut s’armer, s’organiser en bataillons volontaires et marcher contre eux. Mais qu’avant de marcher, il faut, suivant l’exemple des villes, qui se sont délivrées de tous les fainéants exploiteurs et qui ont commis la garde des villes à des enfants du peuple, à de bons ouvriers, il faut qu’ils se défassent aussi de tous leurs beaux Messieurs qui fatiguent, déshonorent et exploitent la terre, sans la cultiver de leurs bras, par le travail d’autrui. Ensuite il faut les mettre en défiance contre les gros bonnets du village, contre les fonctionnaires et autant que possible contre le curé lui-même. Qu’ils prennent ce qu’il leur plaît dans l’église et sur les terres de l’église, s’il y en a, qu’ils s’emparent de toute la terre de l’État, aussi bien que de celle des riches propriétaires fainéants propres à rien. Ensuite il faut leur dire, que puisque tous les paiements sont partout suspendus, il faut aussi qu’ils suspendent les leurs : paiement des dettes privées, des impôts et des hypothèques, jusqu’au rétablissement de l’ordre parfait. Qu’autrement tout cet argent, passant entre les mains des fonctionnaires, y resterait, ou bien passerait entre les mains des Prussiens. Après cela, qu’ils marchent contre les Prussiens, mais qu’ils s’organisent auparavant entre eux, qu’ils se fédèrent, village avec village, et avec les villes aussi, pour s’assurer mutuellement et pour se défendre contre les Prussiens de l’extérieur aussi bien que contre ceux de l’intérieur.