Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/299

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— et maintenant, quoi qu’en disent les aveugles, nous sommes en pleine révolution. — Alors il était absolument nécessaire de maintenir haut le drapeau des principes théoriques, d’exposer hautement ces principes dans toute leur pureté, afin de former un parti si peu nombreux qu’il soit, mais composé uniquement d’hommes qui soient sincèrement, pleinement, passionnément attachés à ces principes, de manière à ce que chacun, en temps de crise, puisse compter sur tous les autres. Maintenant il ne s’agit plus de se recruter. Nous avons réussi à former, tant bien que mal, un petit parti — petit par rapport au nombre des hommes qui y adhèrent avec connaissance de cause, immense par rapport à ses adhérents instinctifs, par rapport à ces masses populaires dont il représente mieux que tout autre parti les besoins. — Maintenant nous devons nous embarquer tous ensemble sur l’océan révolutionnaire, et désormais nous devons propager nos principes non plus par des paroles, mais par des faits, — car c’est la plus populaire, la plus puissante et la plus irrésistible des propagandes. Taisons quelquefois nos principes quand la politique, c’est-à-dire quand notre impuissance momentanée vis-à-vis d’une grande puissance contraire l’exigera, mais soyons toujours impitoyablement |47 conséquents dans les faits. Tout le salut de la révolution est là.

La principale raison pourquoi toutes les autorités révolutionnaires du monde ont toujours fait si peu de révolution, c’est qu’elles ont voulu toujours la faire par elles-mêmes, par leur propre autorité, et par leur propre puissance, ce qui n’a jamais manqué d’aboutir à deux résultats : d’abord de rétrécir excessivement l’action révolutionnaire, car il est impossible même pour l’autorité révolutionnaire la plus intelligente, la plus éner-