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Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/332

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teuse pour la France ; une fois la Lorraine et l’Alsace détachées et le milliard ou les milliards payés, les Prussiens se retireront, et qu’alors eux, ouvriers, pourront faire la révolution sociale ? — Vain espoir. Pensent-ils donc que le roi de Prusse ne craigne plus que toute autre chose, |75 la révolution sociale ? et que ce danger qui le menace et l’effraie plus, au milieu de ses triomphes inattendus, que toutes les armées réunies ou non réunies de la France, ne soit, de la part du comte de Bismarck, son inspirateur et son premier ministre, l’objet d’une préoccupation continuelle ? Et s’il en est ainsi, peuvent-ils s’imaginer, que lorsque les Prussiens, devenus maîtres de Paris, dicteront les conditions de la paix à la France, ils ne prennent toutes les mesures et toutes les garanties nécessaires, pour s’assurer de la tranquillité et de la subordination de la France, au moins pour vingt ans ? Ils établiront à Paris un gouvernement, qui [sera] détesté et méprisé de la France tout entière, moins les paysans peut-être qu’on aura définitivement aveuglés, et moins cette canaille bureaucratique qui se montre toujours d’autant plus dévouée qu’elle sert un gouvernement anti-national au plus haut degré, et qui ne trouvant aucun appui en France, se verra bien forcé de fonder toute son existence et sa force intérieure sur la protection puissante et intéressée de la Prusse. En un mot, ils feront pour la France ce que la France de Napoléon III a fait elle-même pour l’Italie. Ils institueront une vice-royauté prussienne à Paris, et au moindre mouvement insurrectionnel du peuple français, dans quelque partie de la France que ce soit, on verra les soldats allemands y entrer comme des maîtres pour y rétablir l’ordre public et l’obéissance au souverain, établi par la force de leurs armes.