M. Gambetta, comme tous les autres, ne voulait point de la république. Il voulait de la révolution encore moins. Nous le savons d’ailleurs par tous les discours qu’il a prononcés, depuis que son nom a attiré sur lui l’attention du public. M. Gambetta veut bien se dire un homme d’État, un républicain |15 sage, modéré, conservateur, rationnel et positiviste[1], mais il a la révolution en horreur. Il veut bien gouverner le peuple, mais non se laisser diriger par lui. Aussi tous les |15 efforts de M. Gambetta et de ses collègues de la gauche radicale au Corps législatif n’ont-ils tendu, le 3 et le 4 septembre, que vers un seul but : celui d’éviter à toute force l’installation d’un gouvernement issu d’une révolution populaire. Dans la nuit du 3 au 4 septembre, ils se donnèrent des peines inouïes pour faire accepter à la droite bonapartiste et au ministère Palikao le projet de M. Jules Favre, présenté la veille et signé par toute la gauche radicale ; projet qui ne demandait rien de plus que l’institution d’une Commission gouvernementale nommée légalement par le Corps législatif, consentant même à ce que les bonapartistes y fussent en majorité, et ne posant d’autre condition que l’entrée dans cette commission de quelques membres de la gauche radicale.
Toutes ces machinations furent brisées par le mou-
- ↑ Voir sa lettre dans le Progrès de Lyon. (Note de Bakounine.)