Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/422

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

son développement nouveau, non l’état intellectuel et moral dans lequel la fiction officielle la suppose, mais l’état réel de sa civilisation ; et comme le degré de civilisation réelle est très différent entre les communes de France, aussi bien qu’entre celles de l’Europe en général, il en résultera nécessairement une grande différence de développement ; mais l’entente mutuelle, l’harmonie, l’équilibre établi d’un commun accord, remplaceront l’unité artificielle et violente des États. Il y aura une vie nouvelle et un monde nouveau…

« Vous me direz : « Mais cette agitation révolutionnaire, cette lutte intérieure qui doit naître nécessairement de la destruction des institutions politiques et juridiques, ne paralyseront-elles pas la défense nationale, et, au lieu de repousser les Prussiens, n’aura-t-on pas au contraire livré la France à l’invasion ? »

« Point du tout. L’histoire nous prouve que jamais les nations ne se montrèrent aussi puissantes au dehors, que lorsqu’elles se sentirent profondément agitées et troublées à l’intérieur, et qu’au contraire elles ne furent jamais aussi faibles que lorsqu’elles apparaissaient unies et tranquilles sous une autorité quelconque. Au fond, rien de plus naturel : la lutte, c’est la pensée active, c’est la vie, |54 et cette pensée active et vivante, c’est la force. Pour vous en convaincre, comparez entre elles quelques époques de votre propre histoire. Mettez en regard la France sortie de la Fronde, développée, aguerrie par les