Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/457

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moins la plus grande partie de ces dignes citoyens feraient volontiers le sacrifice de leur vie pour sauver la gloire, la grandeur et l’indépendance de la France ; mais je suis également et même plus certain, d’un autre côté, qu’une majorité plus considérable encore, parmi eux, préférera voir plutôt cette noble France subir le joug temporaire des Prussiens, que de devoir son salut à une franche révolution populaire qui démolirait inévitablement du même coup la domination économique et politique de leur classe. De là leur indulgence révoltante, mais forcée, pour les partisans si nombreux et malheureusement encore trop puissants de la trahison bonapartiste, et leur sévérité passionnée, leurs persécutions implacables |82 contre les socialistes révolutionnaires, représentants de ces classes ouvrières qui, seules, prennent aujourd’hui la délivrance du pays au sérieux.

Il est évident que ce ne sont pas de vains scrupules de justice, mais bien la crainte de provoquer et d’encourager la Révolution sociale qui empêche le gouvernement de sévir contre la conspiration flagrante du parti bonapartiste. Autrement comment expliquer qu’il ne l’ait pas fait déjà le 4 septembre ? A-t-il pu douter un seul instant, lui qui a osé prendre la terrible responsabilité du salut de la France, de son droit et de son devoir de recourir aux mesures les plus énergiques contre les infâmes partisans d’un régime qui, non content d’avoir plongé la France dans l’abîme, s’efforce encore au-