Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/515

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services à l’émancipation de l’esprit, elle s’était arrêtée et comme immobilisée dans sa lourdeur monstrueuse et pédante, battue en brèche par la pensée moderne qu’animait le pressentiment, sinon |128 encore la possession, de la science vivante. Ajoutez-y encore un peu de médecine barbare, enseignée, comme le reste, dans un latin très barbare ; et vous aurez tout le bagage scientifique de ces professeurs. Cela valait-il la peine de les retenir ? Mais il y avait une grande urgence de les éloigner, car, outre qu’ils dépravaient |111 la jeunesse par leur enseignement et par leur exemple servile, ils étaient les agents très actifs, très zélés de cette fatale maison de Habsbourg qui convoitait déjà la Bohême comme sa proie.

Jean Huss et Jérôme de Prague, son ami et son disciple, contribuèrent beaucoup à leur expulsion. Aussi, lorsque l’empereur Sigismond, violant le sauf-conduit qu’il leur avait accordé, les fit juger d’abord, par le concile de Constance, puis brûler tous les deux, l’un en 1415 et l’autre en 1416, là, en pleine Allemagne, en présence d’un immense concours d’Allemands accourus de loin pour assister au spectacle, aucune voix allemande ne s’éleva pour protester contre cette atrocité déloyale et infâme. Il fallut que cent ans se passassent encore, pour que Luther réhabilitât en Allemagne la mémoire de ces deux grands réformateurs et martyrs slaves.

Mais si le peuple allemand, probablement encore endormi et rêvant, laissa sans protestation cet odieux attentat, le peuple tchèque protesta par une révolu-