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Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/519

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et par cette voie, créée par elle-même, elle se mit en rapport avec le mouvement intellectuel de toute l’Europe. Le vent d’Italie, le sirocco de la libre pensée souffla sur elle, et, sous ce souffle ardent, se fondit son indifférence barbare, son immobilité glaciale. L’Allemagne devint humaniste et humaine.

Outre la voie de la presse, il y en eut une autre encore, moins générale et plus vivante. Des voyageurs allemands, revenant d’Italie vers la fin de ce siècle, en rapportèrent des idées nouvelles, l’Évangile de l’émancipation humaine, et le propagèrent avec une religieuse passion. Et cette fois, la semence précieuse ne fut point perdue. Elle trouva en Allemagne un terrain tout préparé pour la recevoir. Cette grande nation, réveillée à la pensée, à la vie, à l’action, allait prendre à son tour la direction du mouvement de l’esprit. Mais hélas ! elle se trouva incapable de la garder plus de vingt-cinq ans en ses mains.

|114 Il faut bien distinguer entre le mouvement de la Renaissance et celui de la Réforme religieuse. En Allemagne, le premier ne précéda que de peu d’années le second. Il y eut une courte période, entre 1517 et 1525,où ces deux mouvements parurent se confondre, quoique animés d’un esprit tout à fait opposé : l’un représenté par des hommes comme Érasme, comme Reuchlin, comme le généreux, l’héroïque Ulrich von Hutten, poète et penseur de génie, le disciple de Pic de la Mirandole et l’ami de Franz von Sickingen, d’Œcolampade et de Zwingli,