Page:Bakounine - Œuvres t2.djvu/66

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ternationale réorganisée par le triomphe du principe de libre fédération, il pensa que le moment était venu où il pouvait prendre congé de ses compagnons, et il adressa aux membres de la Fédération jurassienne une lettre (publiée le 12 octobre 1873) « pour les prier de vouloir bien accepter sa démission de membre de la Fédération jurassienne et de membre de l’Internationale », en ajoutant : « Je ne me sens plus les forces nécessaires pour la lutte : je ne saurais donc être dans le camp du prolétariat qu’un embarras, non un aide… Je me retire donc, chers compagnons, plein de reconnaissance pour vous et de sympathie pour votre grande et sainte cause, — la cause de l’humanité. Je continuerai de suivre avec une anxiété fraternelle tous vos pas, et je saluerai avec bonheur chacun de vos triomphes nouveaux. Jusqu’à la mort je serai vôtre. » Il n’avait plus même trois années à vivre.

Son ami, le révolutionnaire italien Carlo Cafiero, lui donna l’hospitalité dans une villa qu’il venait d’acheter près de Locarno. Là, Bakounine vécut jusqu’au milieu de 1874, exclusivement absorbé, semblait-il, par ce nouveau genre de vie, dans lequel il trouvait enfin la tranquillité, la sécurité et un bien-être relatif. Toutefois, il n’avait pas cessé de se considérer comme un soldat de la Révolution ; ses amis italiens ayant préparé un