Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/109

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ment incommode et malheureuse pour elle ; car les parcelles divines se reconnaissent si peu, au début de leur existence humaine, qu’elles commencent par s’entre-dévorer. Pourtant, au milieu de cet état de barbarie et de brutalité tout à fait animale, les parcelles divines, les âmes humaines, conservent comme un vague souvenir de leur divinité primitive, elles sont invinciblement entraînées vers leur Tout ; elles se cherchent, elles le cherchent. C’est la Divinité elle-même, répandue et perdue dans le monde matériel, qui se cherche dans les hommes, et elle est tellement détruite par cette multitude de prisons humaines, dans lesquelles elle se trouve parsemée, qu’en se cherchant elle commet un tas de sottises.

Commençant par le fétichisme, elle se cherche et elle s’adore elle-même tantôt dans une pierre, tantôt dans un morceau de bois, tantôt dans un torchon. Il est même fort probable qu’elle ne serait jamais sortie du torchon, si l’autre divinité qui ne s’est pas laissé choir dans la matière, et qui s’est conservée à l’état |205 d’esprit pur dans les hauteurs sublimes de l’idéal absolu, ou dans les régions célestes, n’avait pas eu pitié d’elle.

Voilà un nouveau mystère. C’est celui de la Divinité qui se scinde en deux moitiés, mais également totales et infinies toutes les deux, et dont l’une — Dieu le père — se conserve dans les pures régions immatérielles ; tandis que l’autre — Dieu le fils — s’est laissé choir dans la matière. Nous allons voir tout à l’heure, entre ces deux Divinités séparées l’une de