Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/178

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partir de la seconde moitié du dix-septième siècle, toutes les monarchies sur le continent de l’Europe.

À mesure que le pouvoir séparé de l’Église et l’indépendance féodale des seigneurs s’absorbèrent dans le droit suprême de l’État moderne, le servage tant collectif qu’individuel des classes populaires, bourgeoisie, corporations ouvrières et paysans y compris, dut nécessairement disparaître aussi, faisant progressivement place à l’établissement de la liberté civile de tous les citoyens, ou plutôt de tous les sujets de l’État (ce qui veut dire |265 que le despotisme plus puissant, mais non moins brutal, et par conséquent plus systématiquement écrasant, de l’État succède à celui des seigneurs et de l’Église).

L’Église et la noblesse féodale, en s’absorbant dans l’État, en devinrent les deux corps privilégiés. L’Église tendit à se transformer de plus en plus en un instrument précieux de gouvernement non plus contre les États, mais au sein même et au profit exclusif des États. Elle reçut désormais de l’État l’importante mission de diriger les consciences, d’élever les esprits et de faire la police des âmes, non plus autant pour la gloire de Dieu que pour le bien de l’État. La noblesse, après avoir perdu son indépendance politique, devint courtisane de la monarchie et, favorisée par elle, s’empara du monopole du service de l’État, ne connaissant désormais d’autre loi que le bon plaisir du monarque. Église et aristocratie opprimèrent désormais les peuples non en leur