Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/220

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forcé de vous vendre mon travail au plus bas prix possible, j’y suis forcé par la faim.

Mais — disent les économistes — les propriétaires, les capitalistes, les patrons, sont également forcés de chercher et d’acheter le travail du prolétaire. — C’est vrai, ils y sont forcés, mais pas également. Ah ! s’il y avait égalité entre le demandeur et l’offrant, entre la nécessité d’acheter le travail et celle de le vendre, l’esclavage et la misère du prolétariat n’existeraient pas. Mais c’est qu’alors il n’y aurait plus ni capitalistes, ni propriétaires, ni prolétariat, ni riches, ni pauvres, il n’y aurait rien que des travailleurs. Les exploiteurs ne sont et ne peuvent être tels, précisément, que parce que cette égalité n’existe pas.

|90 Elle n’existe pas, parce que dans la société moderne, où la production des richesses se fait par l’intervention du capital salariant le travail, l’accroissement de la population est beaucoup plus rapide que celui de cette production, d’où il résulte que l’offre du travail doit nécessairement en surpasser toujours davantage la demande, ce qui doit avoir pour conséquence infaillible la diminution relative des salaires. La production ainsi constituée, monopolisée, exploitée par le capital bourgeois, se trouve poussée, d’un côté, par la concurrence que se font les capitalistes entre eux, à se concentrer chaque jour davantage entre les mains d’un nombre toujours plus petit de capitalistes très puissants, — les petits et les moyens capitaux succombant naturellement dans cette lutte meurtrière, puisqu’ils ne peuvent pro-