Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/250

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constance et cette répétition ne sont |110 pourtant pas absolues. Elles laissent toujours un large champ à ce que nous appelons improprement les anomalies et les exceptions, — manière de parler fort peu juste, car les faits auxquels elle se rapporte prouvent seulement que ces règles générales, reconnues par nous comme des lois naturelles, n’étant rien que des abstractions dégagées par notre esprit du développement réel des choses, ne sont pas en état d’embrasser, d’épuiser, d’expliquer toute l’infinie richesse de ce développement.

Cette foule de lois si diverses, et que notre science sépare en catégories différentes, forment-elles un seul système organique et universel, un système dans lequel elles s’enchaînent aussi bien que les êtres dont elles manifestent les transformations et le développement ? C’est fort probable. Mais ce qui est plus que probable, ce qui est certain, c’est que nous ne pourrons jamais arriver, non seulement à comprendre, mais seulement à embrasser ce système unique et réel de l’univers, système infiniment étendu d’un côté et infiniment spécialisé de l’autre ; de sorte qu’en l’étudiant nous nous arrêtons devant deux infinités : l’infiniment grand et l’infiniment petit.

Les détails en sont inépuisables. Il ne sera jamais donné à l’homme d’en connaître qu’une infiniment petite partie. Notre ciel étoile, avec sa multitude de soleils, ne forme qu’un point imperceptible dans l’immensité de l’espace, et, quoique nous l’embrassions du regard, nous n’en savons presque rien.