Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/280

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qu’il a apportées en naissant, ni du genre d’éducation bonne ou mauvaise que ces facultés ont reçue avant l’âge de sa virilité ou au moins de sa puberté. Mais nous voici arrivés à un point où l’homme, conscient de lui-même, et armé de facultés intellectuelles et morales déjà aguerries, grâce à l’éducation qu’il a reçue du dehors, devient en quelque sorte le producteur de lui-même, pouvant évidemment développer, étendre et fortifier lui-même son intelligence et sa volonté. Celui qui, trouvant cette possibilité en lui-même, n’en profite pas, n’est-il pas coupable ?

Et comment le serait-il ? Il est évident qu’au moment où il doit et peut prendre cette résolution de travailler sur lui-même, il n’a pas encore commencé ce travail spontané, intérieur, qui fera de lui en quelque sorte le créateur de lui-même et le produit de sa propre action sur lui-même ; en ce moment il n’est encore rien que le produit de l’action d’autrui ou des influences extérieures qui l’ont amené à ce point ; donc la résolution qu’il prendra dépendra non de la force de pensée et de volonté qu’il se sera donnée à lui-même, puisque son propre travail n’a pas encore commencé, mais de celle qui lui aura été donnée tant par sa nature que par l’éducation, indépendamment de sa résolution propre ; et la résolution bonne ou mauvaise qu’il prendra ne sera encore rien que l’effet ou le produit immédiat de cette éducation et de cette nature dont il n’est aucunement responsable ; d’où il résulte que cette résolution ne