Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/30

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principe « qui constitue le fondement essentiel du socialisme positif », à savoir que « les faits donnent naissance aux idées », et que « parmi tous les faits, les faits économiques constituent la base essentielle, le fondement principiel, duquel dérivent nécessairement tous les autres faits, intellectuels et moraux, politiques et sociaux » ; il rappelle que ce principe « a été pour la première fois scientifiquement formulé et développé par Karl Marx ». Bakounine donne naturellement lui-même son adhésion au matérialisme économique, en faisant toutefois une réserve : « Ce principe — dit-il — est profondément vrai lorsqu’on le considère sous son vrai jour, c’est-à-dire à un point de vue relatif ; mais lorsqu’on le pose d’une manière absolue, comme l’unique fondement de tous les autres principes, ainsi que le fait l’école des communistes allemands, il devient complètement faux ».

Là-dessus, au lieu d’aborder immédiatement le sujet annoncé, — l’exposé et la réfutation des « sophismes historiques » de l’école de Marx, — l’auteur constate, tout d’abord (feuillets 143-149), qu’en opposition directe au principe proclamé par les matérialistes on trouve celui des idéalistes de toutes les écoles : les idéalistes « prétendent que les idées dominent et produisent les faits ». Alors, au nom du matérialisme, Bakounine attaque la doctrine idéaliste : « Sans nul doute, les idéalistes ont tort, et seuls les matérialistes ont raison. Oui, les faits priment les idées ; oui, l’idéal, comme l’a dit Proudhon, n’est qu’une fleur dont les conditions matérielles d’existence constituent la racine ». Il consacre donc les feuillets 149-286, et la longue note inachevée des feuillets 286-340, à une réfutation préalable de l’idéalisme, sous ses diverses formes religieuses d’abord, puis sous la forme