Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/300

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priétés dont les unes sont inhérentes à tous, et d’autres propres seulement à des espèces, à des familles ou à des classes particulières, elle constitue en effet la loi fondamentale de la vie et imprime à chaque animal, y compris l’homme, cette |151 tendance fatale à réaliser pour soi-même toutes les conditions vitales de sa propre espèce, c’est-à-dire à satisfaire tous ses besoins. Comme organisme vivant, doué de cette double propriété de la sensibilité et de l’irritabilité, et, comme tel, éprouvant tantôt la souffrance, tantôt le plaisir, tout animal, y compris l’homme, est forcé, par sa propre nature, à manger et à boire avant tout et à se mettre en mouvement, tant pour chercher sa nourriture que pour obéir à un besoin supérieur de ses muscles ; il est forcé de se conserver, de s’abriter, de se défendre contre tout ce qui le menace dans sa nourriture, dans sa santé, dans toutes les conditions de sa vie ; forcé d’aimer, de s’accoupler et de procréer ; forcé de réfléchir, dans la mesure de ses capacités intellectuelles, aux conditions de sa conservation et de son existence ; forcé de vouloir toutes ces conditions pour lui-même ; et, dirigé par une sorte de prévision, fondée sur l’expérience et dont aucun animal n’est absolument dénué, forcé de travailler, dans la mesure de son intelligence et de sa force musculaire, afin de se les assurer pour un lendemain plus ou moins éloigné.

Fatale et irrésistible dans tous les animaux, sans excepter l’homme le plus civilisé, cette tendance impérieuse et fondamentale de la vie constitue la