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Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/366

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exclusive, pour faire une exploration réelle, un voyage de découverte sur cet océan inconnu, en l’avertissant toutefois que, du moment qu’il aura abandonné les limites du monde visible, il lui faudra changer de méthode, la méthode scientifique, comme il le sait d’ailleurs fort bien lui-même, n’étant pas applicable aux choses éternelles et divines.

Et, en effet, comment les théologiens pourraient-ils être mécontents de la déclaration de M. Littré ? Il déclare que l’immensité est inaccessible à l’esprit humain ; ils n’ont jamais dit autre chose. Puis il ajoute que son inaccessibilité n’exclut aucunement sa réalité. Et c’est tout ce qu’ils demandent. L’immensité, Dieu, est un Être réel, et il est inaccessible pour la science : ce qui ne signifie pas du tout qu’il soit inaccessible pour la foi. Du moment qu’il est en même temps l’immensité et un Être réel, c’est-à-dire la Toute-puissance, il peut bien trouver un moyen, s’il le veut, de se faire connaître à l’homme, en dehors et à la barbe de la science ; et ce moyen est connu ; il s’est toujours appelé, dans l’histoire, la révélation immédiate. Vous direz que c’est un moyen peu scientifique. Sans doute, et c’est pour cela qu’il est bon. Vous direz qu’il est absurde ; rien de mieux, c’est pour cela même qu’il est divin :

Credo quia absurdum.

Vous m’avez complètement rassuré — dira le théologien — en m’affirmant, en m’avouant même à