Page:Bakounine - Œuvres t3.djvu/60

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Constatons d’abord qu’aucun des hommes illustres que je viens de nommer, ni aucun autre penseur idéaliste quelque peu important de nos jours, ne s’est occupé proprement de la partie logique de cette question. Aucun n’a essayé de résoudre philosophiquement la possibilité du salto mortale divin des régions éternelles et pures de l’esprit dans la fange du monde matériel. Ont-ils craint d’aborder cette insoluble contradiction et désespéré de la résoudre, |162 après que les plus grands génies de l’histoire y ont échoué, ou bien l’ont-ils considérée comme déjà suffisamment résolue ? C’est leur secret. Le fait est qu’ils ont laissé de côté la démonstration théorique de l’existence d’un Dieu, et qu’ils n’en ont développé que les raisons et les conséquences pratiques. Ils en ont parlé tous comme d’un fait universellement accepté, et, comme tel, ne pouvant plus devenir l’objet d’un doute quelconque, se bornant, pour toute preuve, à constater l’antiquité et cette universalité même de la croyance en Dieu.

Cette unanimité imposante, selon l’avis de beaucoup d’hommes et d’écrivains illustres, et, pour ne citer que les plus renommés d’entre eux, selon l’opinion éloquemment exprimée de Joseph de Maistre et du grand patriote italien Giuseppe Mazzini, vaut plus que toutes les démonstrations de la science ; et si la logique d’un petit nombre de penseurs conséquents et même très puissants, mais isolés, lui est contraire, tant pis, disent-ils, pour ces penseurs et pour leur logique, car le consentement général,