Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/106

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quis par un de ces grands actes d’énergie et d’audace qui, au milieu d’une crise suprême, peuvent seuls sauver l’existence d’une nation ? Ont-ils eu au moins le courage de jouer leurs têtes en proclamant la déchéance de Napoléon III, avant que cet infâme ne se soit livré aux Prussiens ? C’était bien leur devoir de le faire. Après les deux batailles désastreuses qui avaient anéanti deux grandes armées françaises dans la Lorraine, toute l’Europe était convaincue que la proclamation immédiate de la République était le seul moyen de salut qui restât à la France. Il ne fallait pas beaucoup de perspicacité pour comprendre qu’en abandonnant le pouvoir à la femme et aux serviteurs de Napoléon III, on paralysait la défense nationale et rendait plus critique, plus terrible la situation de la France. Les députés radicaux de la gauche, seuls, ne l’avaient point compris, ou, s’ils l’avaient compris, ils manquèrent de l’énergie, du courage, du dévouement nécessaires pour sauver leur patrie. En présence des intrigues napoléoniennes, en présence de Palikao qui envoyait la dernière armée française se rendre prisonnière |5 à Sedan, en présence de Chevreau qui organisait la terreur blanche en faveur de la dynastie Bonaparte dans les campagnes, ils prêchèrent, eux, le généreux oubli du passé, la conciliation et l’union. Ils appelèrent cela générosité, bonne politique, prudence, et ce n’était rien que sottise ou lâcheté. C’était dans tous les cas le sacrifice des intérêts les plus chers et du salut même de la France.