Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/109

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nue et que nul ne voudra contredire. Pourtant il faut bien l’entendre. Pour que l’union produise cet effet, il faut qu’elle soit réelle et sincère de tous les côtés, et qu’elle ne soit pas l’exploitation hypocrite d’un parti au profit d’un autre. Autrement l’union serait toute à l’avantage du parti exploiteur et toute contraire aux intérêts et au but du parti exploité. Mais que faut-il pour que l’union entre deux partis opposés devienne réelle et sincère ? Il faut que, dans le moment où elle se produit, les intérêts et le but que poursuivent les deux partis |7 soient, sinon absolument, au moins à peu près identiques. Autrement qu’arrivera-t-il ? Que le parti le plus influent, sinon par le nombre, du moins par la position politique et sociale, et parce qu’il tient en ses mains le gouvernement du pays, fera servir cette union dérisoire, et tout à fait hypocrite de sa part, non à la réalisation d’un but commun, mais à celle de ses vues particulières, opposées aussi bien à ce but qu’aux intérêts de l’autre parti, dont il exploitera tout simplement la sottise, la faiblesse ou la bonne foi.

C’est ce qui arrive précisément aujourd’hui quand la bourgeoisie prêche l’union au prolétariat. Le prolétariat et la bourgeoisie veulent-ils la même chose ? Pas du tout. Les ouvriers de France veulent le salut de la France à tout prix, dût-on même pour la sauver brûler toutes les maisons, exterminer toutes les villes ; les ouvriers veulent la guerre à