Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/113

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la France, alors qu’ils constituaient encore la gauche radicale du Corps législatif, eurent la naïveté de croire à la possibilité d’une union réelle et sincère entre le parti républicain et les représentants de la majorité impérialiste, représentée au pouvoir par MM. Palikao, Chevreau et compagnie ! Car, je leur rends cette justice, ils voulaient sincèrement, eux, — autant que des bourgeois peuvent vouloir, — le salut de la France par la ruine de la dynastie et par l’établissement de la République sur les ruines de l’empire. Ce qui m’étonne, c’est qu’ils n’aient point vu et compris que le parti bonapartiste, et à sa tête le ministère Palikao, organe trop fidèle du Robert Macaire couronné et de sa digne |10 épouse, l’intéressante Eugénie, voulait et poursuivait au contraire le salut de l’empire et de la dynastie par la ruine de la France.

Ici je me sens pris dans un dilemme, très difficile à résoudre. Ou bien les députés républicains du Corps législatif ont réellement cru à la possibilité de leur union sincère avec les bonapartistes pour la défense nationale : et alors je devrai conclure, et tout le monde conclura avec moi, qu’ils ont été bien naïfs, bien enfants, bien aveugles, c’est-à-dire tout à fait incapables, pour ne me servir que d’expressions très polies. Ou bien ils n’y ont pas cru du tout, et ils n’ont fait que semblant d’y croire ; ils se sont donné l’apparence de cette foi, pour produire cette foi dans le peuple, — pour tromper le peuple : et alors que seraient-ils ? je crains de le dire.