Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/115

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ment essentiel de tout progrès : le travail productif de son cerveau, de ses bras, et la puissance du nombre. Il marche lentement, mais il marche. En se séparant du prolétariat, la bourgeoisie a tout perdu. Il ne lui reste que ses anciennes idées, et elle est incapable d’en créer de nouvelles. Elle se dessèche comme une tige séparée de sa racine. Il ne lui reste plus que l’énergie de la conservation, et non plus celle de la marche audacieuse en avant. Sa position est toute défensive, et l’on sait que rien n’est aussi désavantageux que la défensive dans une lutte. Qui garde la défensive est condamné à tomber tôt ou tard. La bourgeoisie se sent et se sait condamnée, elle n’est donc pleine aujourd’hui que de sentiments séniles et conservateurs. Tout bourgeois qui tient à rester tel est un réactionnaire en herbe. Les républicains bourgeois ne font pas exception à cette règle ; au contraire, ils la confirment de la manière la plus éclatante.

C’est en vain que dans ces dernières années ils ont cherché à se faire illusion sur eux-mêmes. C’est en vain qu’ils se sont efforcés d’entraîner les masses populaires dans le cercle de leurs idées étroites et vieillies. Le peuple n’a point |12 voulu les suivre, et ils se sentent aussi isolés aujourd’hui qu’ils l’ont été lors du coup d’État de décembre. Le peuple ne veut plus entendre parler de la politique bourgeoise, et pour le soulever, pour l’électriser, il faut une révolution sociale.

Eh bien, ni M. Gambetta, ni M. Jules Favre, ni