Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/186

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en a porté de plus rudes encore. J’ai nommé M. Rochefort. Le discours de M. Gambetta dans le procès des Treize[1] fut une protestation éloquente contre le viol de la République et contre l’infamie de la servitude imposée à la France par les brigands du 2 Décembre. M. Rochefort osa imprimer dans sa Lanterne, répandue aussitôt à plusieurs dizaines de milliers d’exemplaires, tout ce que la France disait tout bas au sujet de l’infamie des personnes composant la famille, le gouvernement et l’administration |75 impériales. Aux accents de l’indignation, échappés à l’éloquence de M. Gambetta, il avait ajouté l’écrasante éloquence du mépris. Et si l’on voulait se poser cette question, lequel des deux a contribué davantage à tuer moralement l’empereur et l’empire, je pense qu’on serait forcé de reconnaître que ce fut M. Rochefort.

Ces deux hommes, qui sont aujourd’hui, l’un et l’autre, membres du gouvernement de la Défense nationale, — l’un étant plutôt l’expression des sympathies de la bourgeoisie radicale, l’autre l’élu du prolétariat, — quoique arrivés aujourd’hui, au moins pour l’heure présente, au même but, ont suivi pourtant, depuis leurs premières manifestations, des carrières tout à fait différentes.

  1. Il s’agit du procès intenté aux organisateurs de la manifestation faite sur la tombe du représentant Baudin et aux journaux qui avaient pris l’initiative d’une souscription pour élever un monument à cette victime du coup d’État de décembre. La plaidoirie de Gambetta fut prononcée le 13 novembre 1868. — J. G.