Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/210

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dans une grange. Ce mot est un mot profond. Ils veulent bien de la démocratie pour s’asseoir, mais non pour travailler ! De la démocratie pour l’exploiter, mais non pour lui obéir. Eh bien, les démocraties sont faites pour commander, parce qu’elles sont à la fois le nombre et le droit ! »

Voici enfin une bonne parole, Monsieur l’avocat ; mais, pour que cette parole soit sincère, il faut que votre démocratie soit une démocratie socialiste, et vous ne vous en souciez nullement, n’est-ce pas, Monsieur l’avocat ? Car si vous en vouliez, vous n’auriez pas promis aux bourgeois, au nom de votre gouvernement libre, la continuation de leurs « bonnes affaires », c’est-à-dire de la faculté d’empocher tout le produit du travail populaire, moins la minime partie qu’ils sont bien forcés d’abandonner à la subsistance misérable du peuple. Puisque vous ne voulez, vous, que la démocratie politique, la démocratie exclusivement bourgeoise, permettez-moi de vous dire que le mot du gouvernement de l’empire qui vous paraît si profond, est certainement beaucoup plus sincère que le vôtre. Car enfin qu’a-t-il dit, avec une franchise cynique ? « Nous voulons exploiter la démocratie au profit de la dynastie. » Tandis que vous, Messieurs, vous voulez exploiter la démocratie au profit de la bourgeoisie, au détriment du peuple, et vous voulez en même temps qu’on vous tienne pour des représentants sérieux des intérêts du peuple.

Vous êtes aujourd’hui, comme toujours, les