Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/24

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les signer. Les républicains ne les signeront pas, et s’il s’en trouve parmi eux quelques-uns qui les signent, ce ne pourront être que des républicains vendus, comme Émile Ollivier, le défunt ministre. Le parti républicain anti-socialiste, parti vieilli avant l’âge, parce qu’il a passé toute sa vie dans les aspirations platoniques, en dehors de toute réalité et de toute action positives, est sans doute désormais incapable de vivre et de faire vivre la France, mais il saura au moins mourir sans déshonorer ses cheveux blancs, et je le crois assez fier pour se laisser ensevelir sous les ruines de Paris, plutôt que de signer un traité de paix qui ferait de la France une vice-royauté de la Prusse.

Thiers et Trochu consentiront-ils à le signer ? Qui le sait ? On connaît peu le général Trochu. Quant à Thiers, ce vrai représentant de la politique et du parlementarisme bourgeois, on le connaît assez pour savoir qu’il a de bien gros péchés sur la conscience. C’est lui, plus que tout autre, qui a été l’âme de la conspiration réactionnaire au sein de l’Assemblée constituante et qui a contribué à l’élection du prince président en 1848. Mais il y a en lui un grand patriotisme d’État, qui |82 ne s’est jamais démenti et qui constitue proprement toute sa vertu politique. Il aime sincèrement, passionnément la grandeur et la gloire de la France, et je pense que lui aussi mourra plutôt que de signer la déchéance de la France. Thiers et Trochu sont d’ailleurs des orléanistes, tous les deux, et les princes d’Orléans